❧ Intrigue : Attaque de champignons géants

Après avoir lu le journal de ce matin, la paranoïa a envahit les ruelles. Mais ne pensez pas que votre statut de noblesse vous protège de ce groupe de rebelles anti-sentence mes demoiselles. Justement, c'est alors que vous vaquez à vos occupation que deux malabars vous font sombrer dans un sommeil profond à l'aide de chloroforme.

Quelques heures plus tard et vous voilà au beau milieu d'une plaine aux champignons géants. Bienvenue de l'Autre Côté mes demoiselles, je vous conseille de ne pas mettre des semaines pour trouver un passage au risque de voir vos Daemons s'évaporer dans les airs. Mais qui sait aimerez-vous faire un peu de tourisme avant de rentrer ?

Ingrid s'était réveillée encore endolorie et le souffle court. Instinctivement, elle parcourut sa chambre du regard. Son cœur battait vite, très vite. Mais lorsqu'elle vit Loki à ses côtés elle soupira, soulagée. Étrange, elle était persuadée de l'avoir perdue à jamais. Alors que s'était-il passé ? Elle se leva et descendit manger encore mal réveillée. Elle passa une main dans ses cheveux et s'obligea à ne plus penser à cela. Mais c'était sans compter sur le journal. On y relatait toute l'histoire. Il y avait des témoignages poignants et Ingrid jeta un énième regard à son Daemon, sans doute de peur de le voir à nouveau disparaître sous ses yeux. Et les autres, Liscialle et sa fille, avaient-elles elle aussi retrouvé leur daemon ? Et Riff, elle ne se souvenait plus trop. Allait-il bien ? Elle devrait peut-être le convoquer au palais de justice pour vérifier. Oui c'était une bonne idée, elle ferait cela, une fois arrivée. Elle finit de manger et puis se prépara. Une longue journée l'attendait, comme toujours.

Fin prête, elle sortit de chez elle et rejoignit le palais de justice. Elle monta rapidement les marches et franchit la porte de son bureau. La journée commença comme elle l'avait pensé. Les dossiers s'accumulaient sur son bureau au fur et à mesure qu'elle les traitait. Certains finissaient dans la pile des gens à poursuivre d'urgence, d'autres sur celle qui amèneraient à un abandon des poursuites judiciaires et finalement d'autres iraient rejoindre ceux qui demandaient réflexion et temps. Elle ne faisait jamais rien au hasard. Tout était soigneusement calculé. Au bout d'un certain temps, Ingrid quitta son bureau pour aller au tribunal. Mais c'était sans compté sur.. deux hommes qui la bousculèrent et puis.. plus rien, le trou noir.

Ingrid ouvrit les yeux. Elle tourna la tête pour voir si Loki était toujours-là ce qui était bien le cas. La jeune femme soupira, rassurée. Mais elle ne reconnaissait rien. Sauf peut-être une présence qu'elle reconnut comme étant Emeline. Que faisait-elle là ? Et d'abord où étaient-elles ?

« Emeline ? Emeline allez ouvre les yeux. C'est Ingrid. »

« Demandez le Times ! Les rebelles continuent de sévir, demandez votre journal et soyez avertis ! Dix cents le journal, demandez le Times ! »

Le petit vendeur de journaux criard était encore une fois aux abois dans la ruelle principale du quartier. Depuis quelques temps déjà, un groupe de rebelles faisait régulièrement la une, mais Emeline ne s'était jamais souciée de ce qui se tramait, elle n'avait jamais cherché à lire les nouvelles à ce sujet. Tout d'abord parce que le crieur de journaux ne pouvait s'empêcher de hurler les nouvelles dans l'espoir de vendre quelques papiers, mais également car elle se considérait comme protégée de part sa famille de naissance. Les forces de l'ordre étaient suffisamment présentes dans ce quartier de la ville pour que ses habitants puissent se sentir à l'abris chez eux. Osiris était de cet avis également, même si le braillard commençait à l'agacer.

Ce jour là, il était particulièrement en forme et le daemon voletait à l'oreille de la jeune femme. Il croassait d'agacement.

« Ne voudrais tu pas le faire taire en lui achetant son stock de journaux ? Il irait piailler ailleurs et on aurait enfin la paix »

Emy esquissa un sourire en coin, amusée. Elle ferma le bec du corbeaux avec douceur pour le faire taire. Elle se fichait pas mal de ce petit livreur de journaux, il ne la dérangeait pas vraiment car lorsqu'elle se trouvait dans son atelier personne ne pouvait réussir à la distraire. Poussant la lourde porte en bois de son atelier, elle oublia de la refermer derrière elle comme cela arrivait souvent. Sa distraction rendait fou Osiris. Selon lui, un de ces jours il lui arriverait des bricoles d'être aussi peu à cheval sur les règles de sécurité les plus élémentaires, comme par exemple fermer à clé la porte de sa demeure ou de son lieu de travail.

Ce jour là pourtant, Emeline aurait peut être dût faire d'avantage attention à ce sujet. Prise dans ses pensées - encore une fois tournées vers la gente masculine et plus précisément un jeune homme en particulier - elle n'avait pas remarqué cet homme qui l'avait suivie jusqu'à attendre le parfait moment pour la surprendre. Moment qui fut finalement bien vite trouvé, alors que l'ingénieure aéronautique se penchait sur un croquis inachevé. L'inconnu la surpris par derrière, lui plaquant un tissu tâché sur le visage. La surprise de la jeune femme fut brève, elle ne dura que les quelques secondes qui lui fallu pour sombrer dans l'inconscient...

Emeline sorti de sa torpeur lorsqu'une jeune femme la secoua en appelant son nom. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits, elle se sentait comme planant, comme si elle flottait. Retrouvant possession d'elle même, elle reconnu finalement Ingrid qui s'était penchée au dessus de son visage. Elle se redressa précipitamment et eut pour première réaction de chercher du regard Osiris. Elle fut rassurée lorsqu'elle reconnu le plumage noir du corbeau qui ne manqua pas une occasion pareille de lui faire sa leçon.

« Peut être que maintenant, tu fermeras la porte à clé ! crôa »

Ignorant la remarque de son daemon, Emeline laissa son amie la redresser et s'autorisa enfin à regarder les alentours. Elle ne reconnaissait pas cet endroit, il lui semblait surréaliste et irréel, comme si elle se trouvait dans un tableau abstrait dont ses parents étaient tellement friands et qui ornaient chaque centimètre carré des murs de la demeure familiale. Des immenses arbres l'entouraient, et pourtant ils n'avaient rien d'arbres ordinaires. Ils ressemblaient d'avantage à... des... champignons géants ? Attendez une minute... Quoi ? Elle se leva d'un bond.

« Ingrid ! Où diable sommes-nous ? Que s'est-il passé ? Savez vous comment nous avons pu atterrir ici ? Ne me dites pas que... Nous avons été envoyées de l'autre côté ? Comment diable est-ce possible ? »