Ebauche contexte

Ah bonjour… on vous a envoyé là dans l’espoir de me convaincre de changer ma version, hein ? Elle n’est guère appréciée, là d’où vous venez. Trop subversive, sans doute. Votre Reine n’aime pas ça, les remous, hein ? Elle préfère la netteté de ses parterres de rosiers, avouez. Plutôt manichéen, comme personnage. Il suffit de voir son daemon pour le comprendre.

Enfin, je digresse. Mais ce n’est pas ma faute, vous savez. Je suis comme tous les autres, comme tous ceux qui sont restés là-bas. Un Amputé. Oh, ne me jetez pas ce regard-là, ce n’est pas un gros mot. J’ai juste perdu mon âme, par la faute de votre Reine. Aussi folle que moi, celle-là. Peut-être qu’un passage de l’Autre Côté lui ferait du bien.

Inutile de froncer les sourcils, l’Autre Côté existe. Nous y sommes connectés par une infinité de passages brillants comme des miroirs, auxquels personne ne prête attention. Mais ne vous en faites pas, ils sont contrôlés, vous ne tomberez jamais dedans par hasard. Du moins je vous le souhaite. Moi, j’étais voleur. Et j’ai été condamné. On m’a poussé de l’Autre Côté, et on m’a dit que si j’étais encore en vie dans un mois, je pourrai revenir. Ce qu’ils ne m’ont pas dit, c’est que l’Autre Côté aime la Poussière. Il la dévore. Tout y est soit mort, soit anormalement vivant, soit minuscule, soit gigantesque. Et les êtres qui y errent… un peuple entier d’Amputés. Des fous sans âme qui vénère le thé. Comme moi désormais. Ne me demandez pas pourquoi, mais en boire apaise la douleur de la séparation.

Certains m’ont suivi ici, d’ailleurs. Ils pourront vous raconter, si vous parvenez à suivre ce qu’ils disent. Les enfants dont les daemons disparaissent lentement, les adultes venus d’ici rendus fous par la douleur, quand elle ne les tue pas. Un monde maudit, dont votre Reine a fait son débarras.

Tout n’est pas noir, pourtant. Je peux l’entendre, parfois. Mon daemon. Je pense qu’être rentré ici lui permet de retrouver des forces, assez pour pouvoir me rejoindre à nouveau. Et même les gens de l’Autre Côté venus ici connaissent ce phénomène. Comme si d’Amputés, nous devenions Lézards, capables de faire repousser notre membre manquant. Ça ne vous fait pas rire ? Étrange. Je sais que le Lièvre et le Lapin étaient hilares, quand je leur ai dit ça. Vous ne devez pas être assez fou pour apprécier la blague. Mais ça viendra. Parce qu’ils viennent déjà vous chercher pour vous envoyer de l’Autre Côté. Il ne faudrait pas que vous puissiez écrire la vérité, vous et votre beau chapeau et votre mignon daemon. Je me demande quel surnom on vous donnera. La Chenille, peut-être. Ou le Chapelier. Vous avez vraiment un beau chapeau.

Moi ? Je suis le Loir. J’aimais vraiment dormir, vous comprenez.

A bientôt. Je suis sûr qu’ils vous laisseront revenir dans quelques mois.

[forme à modifier, contexte à éclaircir]

V2 : Dites-moi, connaissez-vous l’Autre Côté ? Oui, bien sûr, suis-je bête. Vous êtes comme nous, n’y pensant que superficiellement, certain de ne jamais vous y rendre. Les Passages sont sécurisés, tout le monde le sait. Nous ne risquons rien.
Mais savez-vous comment tout a commencé ? Non, bien sûr que non. Vous n’étiez pas né. C’était il y a deux siècles… Un homme a aperçu ce qui lui semblait être un morceau de miroir suspendu dans les airs, au beau milieu de son champ. Il s’en est approché, bien sûr, en dépit des suppliques de son daemon.  Ce qu’il a vu… c’était un autre monde. Ce que nous appelons désormais l’Autre Côté. Et il existe bien plus de Passages que vous ne le supposez.

Ah, voici le dirigeable... je suppose que vous vous rendez à Balgram, vous aussi ? Vous avez bien raison. Cette ville est le centre intellectuel du pays, après tout. Si vous étudiez l'Autre Côté, c'est aux habitants de Balgram qu'il faut parler. Vous pourrez même discuter avec des Amputés, ces gens dont l'Autre Côté a dévoré le daemon. La ville abrite la plupart d'entre eux. Les scientifiques peuvent les étudier plus facilement, ainsi, et faire avancer l'Expérience. Mais je digresse... auriez-vous l'heure ? Je crains que ma montre ne soit tombée en panne... Cinq heures ? Merci. Continuons cette conversation autour d'un thé, voulez-vous ?

On dit... on dit que des gens vivent là-bas, autres que ceux qui y ont été exilés pour plus ou moins longtemps. Des gens qui ont tous perdu leurs daemons, et la raison avec. Des gens qui s'approchent parfois des Passages, sans oser les franchir. Ils ne craignent pas la Poussière, voyez-vous. L'Autre Côté la dévore avant qu'elle n'ait eu le temps de les corrompre. Certains Amputés prétendent même que ces gens aiment la Poussière, qu'ils la vénèrent, presque.

Peu m'importe, au final. J'espère juste ne jamais devoir prendre part à l'Expérience.

V3 : Je vivais autre part, avant, vous savez. Avant de me retrouver ici, à Balgram, soi-disant capitale de la Recherche, où vivent tant de scientifiques et d’Amputés comme moi, désormais. Je ne faisais partie d’aucun de ces groupes, bien sûr, j’étais juste un commerçant. Un simple cordonnier, avec une si jolie souris pour Daemon. Une vie toute simple. Jusqu’à ce qu’on ait une mauvaise année, et qu’on ne puisse pas payer nos impôts, ni notre loyer. Officiellement, ils ont été compatissants. Pas de saisie de nos biens, rien. Juste deux mois de l’Autre Côté.

Je n’oublierai jamais ce jour. On nous a escorté vers ce petit bâtiment au milieu de la campagne, entouré de grillage et de barbelés, gardé par une poignée de soldats. Un Passage, un parmi des centaines. Tous fortifiés et défendus. On ne sait jamais ce qui pourrait en sortir. A part les Amputés dont la condamnation est finie, bien sûr. Ma Sophia… elle tremblait dans ma poche. Je pouvais sentir son cœur battre contre mes doigts. Si fort… il résonnait jusque dans mon cœur à moi.

Elle a jamais été très solide, ma Sophia, vous savez… elle a disparu au bout d’un mois. Comme ça, évanouie. Les gens qui sont nés là-bas, de l’Autre Côté… ils disent que c’est normal. Que l’Autre Côté emporte les Daemons, parce qu’il dévore tout ce qu’il y a de bon, et qu’il n’y a rien de meilleur que la Poussière et les Daemons. Mais bon, je ne les croirais pas à votre place. Ils sont fous. Seul un fou peut croire que la Poussière peut être bonne, seul un fou garderait l’espoir de retrouver son daemon un jour. Ma Sophia est morte. Mon corps ne s’en est juste pas encore rendu compte. Ca viendra. Et ce jour-là, ces scientifiques qui s’amusent à nous bourrer de drogues et tout genre et à nous demander si « Nous avons mal aujourd’hui, Monsieur Applesmith ?», avec leurs sourires faussement compatissants.

Heureusement qu’ils me droguent, vous savez. Sinon… sinon, je pourrai vous tuer, je crois. Vous et tous ceux qui n’ont jamais subi l’Autre Côté.

[peut-être à alléger... Hélice, Els, Pala, des avis ?]

Peut-être un brin trop science fiction avec le côté très scientifique de la chose je trouve, j'aimais mieux les deux premières, à voir avec les deux crashtesteurs.

Hé, gamin, approche. Où sont tes parents ? En train de faire leur marché ? Bien, tu me rassures, j'avais peur que tu te sois perdu. Dis-moi, en les attendant, ça te dit d'écouter une histoire ? Oui ? Parfait, alors assois-toi et écoutes.

Notre histoire commence il y a deux siècles, ici, à Balgram, à l'époque où c'était qu'un village et des champs. Un fermier a remarqué quelque chose de bizarre au milieu de ses vaches. Comme un morceau de miroir suspendu dans les airs. Il a failli l'ignorer, se dire qu'il avait fait une hallucination, et puis une de ses vaches y est entré. Et a disparu.

Il devait y tenir, à sa vache, le fermier, parce qu'il l'a suivie en dépit des suppliques de son Daemon, et il a découvert un autre monde. Ce qu'on appelle l'Autre Côté.

Ne t'en fais pas, petit, tu ne risques pas de tomber sur un Passage comme ce fermier. Ils sont tous sécurisés par le gouvernement. C'est là qu'on envoie nos criminels, après tout. Avant, on les exilait, hop, problème réglé ! Puis l'un d'eux est revenu, fou à lier et sans Daemon. Obsédé par le thé, aussi. Depuis, les gens sont plutôt condamnés à un ou deux mois pour des crimes mineurs. Les autres... ça peut vite devenir un an de l'Autre Côté, surtout si t'as tué ton propriétaire. Pas que je parle d'expérience.

Tu gigotes, petit, t'as froid ? Tiens, prend un marron et partage avec ton Daemon, ça vous réchauffera. Bref, j'en étais où moi... ah oui, la Sentence. Merci petit. Quand ils revenaient, les gens, ils étaient bizarres. Sans leurs Daemons, et fous. C'était le but de la manœuvre, tu vois: quand tu vois un Amputé, tu sais que c'est un criminel. Pas de question à te poser.

Et pendant ce temps, l'Autre Côté a apparemment ses habitants. Les Wonderlandiens, qu'ils s'appellent. Ils finissent tous par perdre les Daemons, et ils finissent tous fous. Sauf que chez eux, c'est normal. Comment je sais qu'ils sont fous ? Ils aiment la Poussière, et ils sont persuadés qu'ils finiront par retrouver leurs Daemons, et crois-moi, c'est ce qu'il y a de plus normal chez eux.

Tiens, petit, c'est pas tes parents, là ? File les rejoindre, j'ai fini mon histoire. Quoi, mon Daemon ? Tu me prends pour un Amputé ? Nan, elle est juste petite. Une fourmi. Je te la montre pas, tu risquerais de l'écraser par accident.