Le bonheur est une utopie… Il est éphémère. Il ne faut pas le prendre pour acquis, il ne vous est que prêté le temps d’un sourire. ❇❇❇ sept novembre, an six-cents.

Elle avait crié. Elle avait souffert. Puis elle avait pleuré de joie et sourie en s’en fendre les lèvres. Maintenant elle devait courir. Courir aussi vite que son corps fatigué par la naissance de sa fille pouvait le lui permettre. Elle avait plus ou moins vingt-quatre heures pour atteindre le Passage ou le petit renard qui était venu avec l’enfant disparaitrait définitivement. Comme son propre cerf à elle, une partie de son âme, serait absorbé par ce monde. L’Autre Côté. Pourtant sa sentence ne touchait pas à sa fin et elle le savait. Elle savait exactement ce qui l’attendait, une fois de l’autre côté, mais ça n’avait pas d’importance. L’essentiel c’était elle. Amaïmoona. Petite fleur fragile qui méritait de connaitre son Daemon comme tous les enfants qui auraient dû naître à Balgram.

Le souffle court, elle sentait la terre humide sous ses pieds nus. Son cœur palpitait si fort dans sa poitrine qu’elle n’entendait qu’à peine le souffle du vent qui heurtait son visage et la forêt environnante. Elle avait un objectif un seul. Elle courrait encore et encore jusqu’à arriver près de deux arbres à la forme étrange. Elle en était sur c’était là. L’enfant avait tout juste quelques heures, elle avait encore le temps. Alors qu’elle s’approchait d’un reflet plutôt discret, elle ralentit le pas. Sans prendre le temps de reprendre son souffle, elle s’avança, soulagé. Lorsqu’elle posa la main sur le reflet, son cœur s’arrêta.

Ce n’était pas un Passage, mais un miroir laissé là par quelqu’un, probablement pour faire une farce. Une farce qu’elle ne trouvait pas drôle du tout. L’enfant et son daemon dans un bras, Dylanne chercha du regard le Passage. Elle était pourtant certaine qu’il était par ici. Elle y était venue tous les jours depuis son arrivée, espérant pouvoir le repasser un jour ou l’autre pour retrouver l’enfant qu’elle avait laissé à Balgram. Elle connaissait le chemin par cœur. Elle aurait pu le faire les yeux fermés, pourquoi n’était-il pas au même endroit.

« Merde! »

Elle réveilla l’enfant dont les pleurs résonnèrent comme un cri de détresse. Elle avait couru si vite, elle avait peut-être pris le mauvais chemin? Les minutes avançaient et elle doutait de plus en plus des lieux. Elle rebroussa chemin espérant voir son erreur. La petite créature était de plus en plus transparente, le temps pressait. Cette forêt. Cette fichue forêt. Pourquoi tous les coins se ressemblaient-ils autant?  Elle erra pendant des heures à travers la forêt à la recherche du Passage qui l’avait amené ici.

Les heures avançaient et le petit renard disparaissait, elle se laissa choir sur une buche au milieu du chemin de terre battue. Elle abandonnait. Elle passerait visiblement sa vie ici. Les yeux pleins d’eau, elle consola sa fille en lui chantant une berceuse. La petite pouvait bien pleurer, une partie de son âme la quittait. Elle savait bien ce que c’était, elle l’avait elle-même vécu. Elle aurait tant voulu la sauver, quitte à en perdre la vie.  Alors qu’elle croyait que tout était perdu, une panthère sorti d’un buisson suivi par un homme. L’homme avait l’air perdu et nerveux. Il était sorti de nulle part. Un Passage. Il était là depuis plus d’une heure et Dylanne n’avait rien vu. Sans adresser un regard à l’homme, elle se rua vers le portail presque invisible.