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 Palareth ❧ Run boy run! This world is not made for you.

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Palareth L. Balshilek
Palareth L. Balshilek

❧ MISSIVES : 2476
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❧ CREDITS : Mad Hattress & Beylin


Mes petits secrets
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MessageSujet: Palareth ❧ Run boy run! This world is not made for you.   Palareth ❧ Run boy run! This world is not made for you. EmptyDim 27 Sep - 17:03


Palareth Leodeheris Balshilek


And it's never gonna be the same cos the years are following by like the rain.



NOM ❧ Balshilek, nom me venant d'un certain héritage familial de la Haute société qui me révulse en partie.  PRÉNOMS ❧ Palareth Leodeheris, le second étant celui de mon géniteur. SURNOM(S) ❧ Pal, Pala pour les intimes, bien qu'à présent beaucoup préfèrent me traiter de "fou" et ses synonymes. ÂGE ❧ Trente-trois ans, toutes mes dents. EN CE MOMENT JE SUIS A ❧ De retour à Balgram après avoir purgé une peine plus longue que prévue, mais bon, c'est la faute de ma montre, elle retarde beaucoup. ORIENTATION SEXUELLE ❧ Hétérosexuel STATUT CIVIL ❧ Marié et fidèle à ma femme depuis plus de dix ans. CLASSE SOCIALE ❧ Élevée, même beaucoup trop à mon goût, l'un des héritiers d'une des familles fondatrices de Balgram. MÉTIER ET/OU ÉTUDES ❧ Ancien Greffier en chef, sorti de la prestigieuse Académie Nivrail. Aujourd'hui bouquiniste louche après avoir été "Rien du tout", le contraste total. GROUPE ❧ Boussole, anciennement amputé d'une partie de moi-même. Ce qui arrive quand on veut jouer les héros. SOSIE ❧ Matt Smith.

Caractère

Il y a un avant/après l'Autre Côté, je le sais. Avant j'avais plus de patience, bien que ça n'a jamais été mon fort. Je n'ai jamais su tenir en place, j'ai toujours été aux limites de l'hyperactivité. Fouineur, curieux, je ne peux m'empêcher d'aller mettre mon nez partout où je ne dois pas, mais mon pire défaut est probablement ma franchise et mon caractère tempétueux. C'est comme ça, une vraie tête de mule, je n'ai jamais eu ma langue dans ma poche et quand quelque chose ne me plait pas, je le fait clairement comprendre avec de grands gestes tel un enfant boudeur. En plus de ça, c'est physique, les mots ne peuvent s'empêcher de sortir encore et encore sans jamais s'arrêter, avant même que je ne réfléchisse si je les prononce ou non. Et ça s’emmêle, part dans tous les sens, sans que je ne puisse rien faire. M'enfin c'est assez récent, probablement un des effets secondaires de l'Autre Côté. D'ailleurs il paraîtrait que je suis devenu très énervant et exubérant, je ne vois pas vraiment en quoi je le suis. Du coup on ajoute "mauvaise foi" à la liste je suppose ? Sinon je suis du genre borné, obstiné, engagé, à vouloir changer le monde alors que tout ce que j'ai réussis à faire, c'est de me faire couper les ailes. Avant j'étais tout de même plus calme, moins bavard ou alors juste quand il faut. Il faut dire que j'ai aussi reçu une certaine éducation, je suis pour le savoir vivre et la politesse. Sinon je peux accorder ma confiance aux gens s'ils montrent qu'ils le méritent. Je peux être affectueux, terriblement protecteur, mais aussi drôle avec un humour pour le moins pathétique.

Après, il y a le manque, le vide, le trou indélébile laissé par cette amputation monstrueuse et qui se comble encore difficilement, une marque qu'on tente d'effacer mais qui reste malgré tout. Chaque nuit, cette blessure invisible me nargue, me hante et s'amuse à nous tourmenter Guine et moi. Mais je souffre en silence, comme je l'ai toujours fait, je préfère rire et montrer que tout va bien, quitte à fausser les pistes et croire que ce monde est absolument merveilleux et sans défauts plutôt que me lamenter sur mon sort et apitoyer les autres. Je n'aime pas exposer mes faiblesses. Beaucoup disent que je suis devenu fou, à développer des tocs et une obsession pour le temps qui passe, je leur répond que non, j'ai du mal à déterminer ce qui est folie ou non pour eux, d'un côté ça m'effraie.

 
Questions

CE QUE JE PENSE DE LA POUSSIÈRE ❧ La poussière n'est pas quelque chose de néfaste, elle fait partie de notre quotidien et peu importe ce que tout le monde pense, je me considère comme assez futé pour me faire ma propre opinion et ne pas être un mouton comme tous les autres, endoctrinés par des pensées fantaisistes. Je pense aussi depuis toujours que séparer un être humain de son Daemon est encore bien pire que de commettre un meurtre. J'ai rêvé de Poussière durant plus d'un an, rêvé de ma moitié qui m'a été rendue à force de supplier en silence.
CE QUE JE PENSE DE L'AUTRE COTE ❧ Je l'ai toujours redouté, appréhendé et ce n'est pas faute de l'avoir étudié. Pour moi, c'était la fosse aux lions, l'endroit dont on revenait fou la plupart du temps. Maintenant que j'y ai séjourné, il n'est pas si terrible en soi, je trouve ce monde plus libre que Telgram. Enfin il paraîtrait que j'ai déraillé depuis ma sentence, mais je ne me considère pas comme devenu fou et infirme. La seule chose monstrueuse là-bas, c'est ce qui mange la Poussière et nous déchire.
CE QUE JE PENSE DES AMPUTES ❧ J'ai toujours eu beaucoup de pitié pour eux, bien que maintenant que j'en suis devenu un moi-même, les choses sont différentes. Le système judiciaire est dirigé par des bouchers, des meurtriers et autres psychopathes sans cervelles. D'accord je faisais partie de leur petite secte huppée, mais je n'ai de un : pas eu le choix et de deux : je faisais les choses à ma façon et on voit bien où ça m'a mené. Pour moi, les Amputés ne devraient même pas exister, comme je l'ai dit : aucun être humain ne devrait être séparé de son Daemon et je suis désormais très bien placé pour connaître cette sensation.  



NOM DU DAEMON ❧ Guinerain, surnommée affectueusement Guine. APPARENCE ❧ Furet Putoisé Zibeline au regard bandé de noir, ce qui lui donne un petit air de voleuse. Le pelage clair, les pattes foncées, j'aime perdre mes mains dans ses poils et son long dos courbé. QUAND S'EST-IL FIXE ❧ Je devais avoir environ treize ans, lorsqu'on m'a forcé à devenir un adulte trop tôt. Elle changeait de moins en moins de forme à mon plus grand désespoir, moi qui aimait tant la regarder passer d'une apparence à l'autre en un battement de cils. POURQUOI CETTE FORME ❧ Probablement à cause de mon côté espiègle, fouineur et curieux, sans parler de cette apparence de voleuse qui fait ses coups en douce derrière son masque. Peut-être aussi parce que je ne tiens pas en place et que je n'ai certainement pas ma langue dans ma poche. Malgré mon décalage par rapport à nos origines, il a cependant fallu qu'elle poursuive sans le vouloir cette étrange tradition officieuse qui veut que les Daemons Balshilek se fixent en Mustélidés. S'IL DEVAIT CHANGER D'APPARENCE ❧ Elle m'a dit une fois vouloir être un oiseau pour survoler le monde en surplombant les hommes, mais elle se plait à être un furet. Personnellement je n'aurai pas aimé qu'elle soit autre chose. Sa forme est parfaite à mes yeux, pouvant se glisser dans des poches ou des cols, le museau dépassant et le regard pétillant.

Caractère

Guine est beaucoup plus raisonnable que moi contrairement à ce qu'on peut croire, plus prudente, bien qu'aussi curieuse et vive à vouloir mettre son museau partout où elle passe. Elle est cette petite chose drôle et maladroite, totalement myope lorsqu'il y a trop de lumière, qui mettait du piment dans ma grande demeure lorsque nous étions enfants, toujours avec des idées et autres bêtises en tête. Guinerain est un véritable jouet mécanique qui s'emballe en sautant dans tous les sens, branchée sur ressorts et qui peut sombrer dans un élan d'immaturité en une demi-seconde à peine. Sa capacité de concentration est de temps à autre semblable à celle d'une huitre, incapable de s'appliquer à faire quelque chose de sérieux alors que l'envie de sauter sur les murs prends le pas.

Mais elle est surtout la raison et le rappel à l'ordre lorsque les choses se corsent, hélas je ne l'ai que trop peu écouté ces dernières années. Elle reste profondément meurtrie par notre séparation, la méfiance ayant gagné son être autant que la peur d'être renvoyé de l'Autre Côté qui ronge notre lien. Elle en deviendrait presque paranoïaque, faisant grimper le manque de confiance, même envers nos proches. Nous avons cependant pris tous deux conscience de l'étendue de la déchirure, du mal et de notre attachement l'un à l'autre. Je reste persuadé que quelque chose d'invisible s'est cassé en elle depuis son retour.

 
Anecdotes

❧ Il paraitrait que j'ai complètement déraillé depuis que je suis passé par l'Autre Côté, je ne m'en rend pas vraiment compte. ❧ Je crois que je suis devenu obsédé par le temps qui passe, ma montre devait retarder d'au moins deux mois, alors qu'en réalité j'avais déjà terminé ma peine sans le savoir, oups. ❧ D'ailleurs je collectionne les montres cassées dont personne ne veut. ❧ Le thé m'est devenu indispensable, hors de question d'arrêter d'en boire, quitte à y aller par le bec de la théière. Pourtant ce n'est pas faute de tenter d'arrêter depuis le retour de Guinerain. ❧ J'ai une totale aversion pour la noblesse et bourgeoisie, ironique lorsqu'on en née dans l'une des familles fondatrices de Balgram. Je n'étais pas vraiment un fils modèle et très obéissant mais plus explorateur. ❧ J'aime les couvres chefs, probablement parce que Guine prends toujours le réflexe de se glisser dessous lorsque j'en porte un, histoire d'être à l’abri du vent. ❧ J'aurais aimé être antiquaire, collectionner les objets curieux et leur offrir une autre vie. Hélas le destin en a décidé autrement,bien que ma nouvelle profession s'en rapproche. ❧ Quand j'étais petit, j'avais une peur bleue du noir dans cette immense pièce qui me servait de chambre, j'étais donc partisan des cabanes, blotti contre Guine, à nous inventer des histoires. Je n'aime toujours pas l'obscurité, la nuit devient longue, terrifiante avec ses griffes crochues. ❧ Je déteste le goût de la menthe, pour moi ça ressemble à de l'herbe ignoble et immangeable. ❧ A mon retour, j'ai découverts que j'avais une fille, voilà ce qui arrive quand on part trop longtemps. Je me plait à être un père poule et un brin trop protecteur. ❧ Mon dessert favori est la tarte aux pommes, particulièrement celle que fait ma femme.  ❧  Je sais jouer du violoncelle, un petit "plus" pour exposer notre potentiel noble à ce qu'on me répétait. Cela me déplaît de rester planter là à jouer, mais je m'y suis habitué. ❧ Je suis un gros lecteur, j'aime les histoires et ce sont les rares moment où je ne bouge plus, plongé dans un ouvrage quelconque.  




Bonjour ! Moi c'est Ju, sur la toile on me connait sous le pseudo de Mad Hattress. J'ai 22 ans et je vis à Wonderland chez les belges. J'ai trouvé le forum via un coin de ma cervelle et je le trouve plus que naze, rembourseeeez ! Pour finir je dirai : BOUSTROPHÉDON



Dernière édition par Palareth L. Balshilek le Mar 12 Juil - 12:33, édité 19 fois
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Palareth L. Balshilek
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MessageSujet: Re: Palareth ❧ Run boy run! This world is not made for you.   Palareth ❧ Run boy run! This world is not made for you. EmptyDim 27 Sep - 18:32


   

Ma vie, mon histoire


Dust it off

The Preamble

« Fais pas ci, fais pas ça. »

Quand j'étais petit, je croyais à toute sorte de choses, je construisais des univers dans ma tête, vivais de grandes aventures dignes d'épopées chevaleresque. Je me glissais dans le grenier, zone fortement interdite, pour tenter de comprendre tous les objets curieux qui semblaient avoir été oubliés là. J'étais un explorateur, chercheur de trésors et Guinerain était ma complice, à faire le guet, me faire éviter les punitions salées. Le seul problème, c'est qu'il m'était trop interdit de me laisser aller à de telles fantaisies. Je n'étais pas l'un de ces enfants qui avaient le droit de s'amuser et d'enchaîner les bêtises tapis dans un petit recoin avec son Daemon, tout aussi espiègle, rentrant recouvert de boue après une journée passée dans les plaines et forêts,  non je devais être un enfant sage, droit, poli, digne d'un rang qui ne me plaisait pas. "Monsieur Palareth, je vous prie de rester tranquille." "Monsieur Palareth, le dos bien droit." "Monsieur Palareth quand est-ce que vous allez cesser ces enfantillages." Ces mots retentissaient à longueur de journée et je pourrai imiter le ton employé à la perfection.

La nuit c'était différent, l'assurance s'envolait, la curiosité se changeait en crainte, les jambes avides de course se pétrifiaient et les draps se transformaient en caverne chaleureuse pour échapper aux doigts crochus que dessinaient les ombres projetées sur les murs de mon immense chambre. Guine adoptait une forme plus grande, protectrice qui devait faire deux fois ma taille pour m'entourer, alors que mes doigts agrippaient son pelage pour effacer la crainte. J'aimais ces moments entre nous, lorsqu'elle adoptait les traits d'un énorme chien ou encore d'un fauve protecteur. Nous étions plus fort que les ombres et fantômes. La nuit était mon fléau, l'heure de tous les doutes, des cauchemars, elle emportait les couleurs du monde dans son voile sombre en n'oubliant pas la gaieté du jour avec.

On ne pouvait pas dire que je n'étais pas un enfant gâté, fils unique, héritier d'une des branches d'une grande famille qui avait contribué à la fondation et aux avancées de Balgram, tout chez nous criait "cher". Père travaillant dans le domaine judiciaire, je ne manquais jamais de rien. Juste peut-être d'amis, de sorties pour m'amuser avec d'autres, j'étais forcé de regarder le monde extérieur d'une fenêtre durant des heures et imaginer. Nous n'avions que ça après tout avec Guine : l'imagination fertile et débordante. L'éducation se faisait à domicile par des professeurs mornes qui finissaient tous par m'ennuyer. J'étais donc loin d'être un enfant facile, enchainant les bêtises et exprimant son mécontentement à la moindre remarque sur un comportement "non adapté en société". De toute manière je n'étais pas proche de mes parents, mon père ne voyait en moi qu'un héritier qui devait se montrer digne de son nom et prendre sa suite, ma mère était plus discrète, effacée, elle n'avait jamais son mot à dire.

Le seul rayon de soleil qui prenait soin de moi était ma gouvernante. Une seconde mère, douce, protectrice, tout de même droite et que je respectais au plus haut point. Son absence le soir devenait lourde, puisque mon géniteur avait le don de me faire peur, en particulier son Daemon, molosse au pelage sombre, aux crocs acérés et au regard glacial qui nous terrifiait. Guinerain en avait bien plus peur que moi, ayant déjà subit son mécontentement qui visait à nous faire mal dans l'unique but de nous punir pour nos bêtises. Quand à ma mère, elle n'était pas du genre à venir m'embrasser sur le front en me bordant. Puis un jour, cette mère de substitution me fit un cadeau merveilleux : elle m'offrit l'amitié, une complice, partenaire de jeux, sur un plateau d'argent. Pas autorisée à amener sa fille d'une classe nettement moins élevée dans notre grande demeure, cette règle finit par disparaître au bout d'un temps, voyant que la jeune Liscialle avait une bonne influence sur ma façon de me conduire et faire des cachoteries à tout va.

Nous grandîmes ensemble au grand damne de mon père qui ne voyait pas là une bonne chose surtout que l'adolescence et ses vagues approchaient. Pour lui, il n'était pas convenable de laisser cette amitié durer si bien qu'il y mit un terme, jugeant que j'étais désormais assez grand pour ne plus avoir besoin d'une gouvernante. Je ne revis plus Liscialle, à mon grand désespoir, et fus envoyé trop jeune dans cet immense institut privé qui me donnait envie de vomir. Pas d'exploration dans ces murs, pas de rêve, juste des livres sans images, des cours qui devaient mener à un "avenir brillant" dont je ne voulais pas. Moi, je voulais devenir antiquaire, faire la chasse aux objets en tout genre, découvrir des trésors enfuis, pas étudier la justice et l'Autre Côté.

Je venais d'avoir treize ans lorsque le drame se produisit : Guine ne changea plus de forme, n'adoptant plus une taille et un pelage rassurant une fois la nuit tombée. Elle était plus petite, le pelage clair, les yeux bandés de noir, l’œil vif, bien que son apparence me plaisait beaucoup en dehors de mes heures d'insomnies. Je devenais adulte et c'était difficile, compliqué, effrayant.  


The Climax

« Un héros est celui qui fait ce qu'il peut »

Les années passèrent, les longues journées à emmagasiner des informations étaient devenues mon quotidien. Plus je vieillissait et plus je devenais curieux de ce domaine dans lequel on m'avait jeté comme pour me punir d'un crime que je ne connaissais pourtant pas. Mais mon aversion envers cette académie s'était déplacée, transformée en un dégoût certain pour le système judiciaire de ce pays. C'était plus fort que moi, je ne parvenais pas à comprendre ce qui poussait des hommes à en séparer d'autres de leurs Daemons. Rien que l'idée d'être séparé de Guine me donnait des frissons, commettre un meurtre ne serait guère plus barbare. L'Autre Côté devenait pour moi un endroit redouté, monstrueux où personne ne devrait mettre les pieds et j'avais ce sentiment de devoir faire quelque chose. Mais je serais les dents grâce à Guinerain qui me ramenait souvent à l'ordre. Après tout, je n'étais qu'une infime abeille dans cette immense ruche. J'ai terminé mes études avec mention, pour sortir de toutes ces aberrations qu'on nous enfournait dans le crâne. Je crois bien que je n'ai jamais vu mon père aussi heureux et fier de moi alors qu'en réalité javais honte. Honte d'imaginer combien d'hommes il avait envoyé de l'Autre Côté lui aussi, tirant les ficelles de séparations douloureuses.

"Palareth ?" Mon nom avait raisonné au détour d'une rue, voix familière me faisant louper un battement de cœur. Ce matin là, je n'ai pas assisté au procès dont je devais être spectateur, Guine m'ayant forcé à me retourner pour me pousser vers Liscialle devenue désormais un véritable bout de femme qui me fit monter le rouge aux joues. J'avais cette impression désagréable que nos Daemons se moquait de nous, cherchant à nous faire manquer nos obligations pour passer la journée à discuter encore et encore comme si les années ne nous avaient pas séparées. Elle était devenue élégante, désirable, boucles brunes s'agitant en même temps que son regard pétillant. Jamais je n'oublierait le rire intérieur de Guinerain qui raisonna dans mon esprit lorsqu'elle compris que j'étais en train de m’emmêler les pieds dans cet étrange sentiment chaleureux que je ne connaissais pas vraiment.
Nous nous revîmes encore et encore, nous donnant rendez-vous dans des endroits dont nous seuls connaissions l'existence, bien que les choses prirent une tournure différente au bout d'un temps, liens se resserrant, s'entremêlant, distance s'effaçant pour ne laisser que la faiblesse humaine et la chaleur des lèvres. Le tout probablement poussé par nos Daemons qui semblaient avoir tout manigancé depuis le début.

Hélas comme toujours, mon géniteur avait des plans et même au niveau affectif. Tout d'abord il m'avait trouvé une place de Greffier grâce à ses ficelles. Puis, je devais rencontrer la fille d'une famille bourgeoise et richissime, jugeant que j'étais plus qu'en âge de me marier. Hélas ce fut le plan de trop et bien que Guine me suppliait de ne pas hausser le ton, les mots sortirent tout seuls, s'enchainant encore et encore jusqu'à en venir au nom de Liscialle en affirmant dur comme fer qu'elle serait l'unique femme devant laquelle je m’agenouillerai. Je fus gentiment éconduit vers la porte et mis dehors, quelque peu forcé par cet horrible molosse de Daemon qui prenait Guinerain en otage, me faisant comprendre clairement et douloureusement que mon géniteur me couperait les vivres si j'osais le désobéir.

Le lendemain matin, je m'agenouillais devant la brune qui m'avait ensorcelé comptant sur mon emploi pour nous assurer un avenir relativement aisé. Mon père me coupa les vivres comme promis et le mariage ne tarda pas, consommé dans un nouveau foyer, cocon rassurant, où seul nos Daemons et nous étions maîtres. Quelques mois plus tard, une courbe se dessinait peu à peu autour du nombril de ma femme. J'aimais la dessiner du bout des doigts, sentir cet être qui se mouvait comme par magie. Elle était en train de créer une vie, pour de vrai, à partir de rien et c'était beau, grandiose, fascinant. Mais le rêve s'effondra rapidement, vie fragile ôtée aussi furtivement qu'elle avait été donnée, créant un ouragan à sa perte, une blessure invisible nous marquant au fer rouge. Il nous fallut un temps pour encaisser cette désillusion.

Je détestais mon métier, je détestais lire le désespoir qui se dessinait sur le visage de ces pauvres bougres enlaçant leurs Daemons qui allaient être jeté à l’abattoir dans un monde hostile. J'étais là, je contribuait sans le vouloir à ces crimes, les mains liées dans la robe sombre ornée de blanc. Cependant ce travail m'apportait deux avantages : un revenu stable et plus que raisonnable pour vivre aisément, mais aussi un accès aux dossiers de ces condamnés à être Amputés. Des privilèges qui me démangeaient de plus en plus, dilemme moral me dévorant une fois la nuit tombée. Guine tentait de me freiner lors de longues conversations inaudibles, bien que d'accord sur beaucoup de choses, pesant le pour et le contre d'une horrible bêtise à chaque instant. J'allais retourner la justice dans l'ombre.

C'est ainsi que j'ai commencé à vouloir jouer les héros. Devenu Greffier en chef, j'avais désormais plus de pouvoir, de privilèges comme l'accès aux précieuses archives. Ma crédibilité était désormais peu remise en doute par mes pairs également, ce qui aiderait à effacer tout soupçon. Ce fut le regard d'un jeune garçon à peine adulte qui me fit sauter le pas, voleur de nourriture récidiviste pour assurer sa survie. La manœuvre avait été hasardeuse, changeant quelques lignes sur un morceau de papier, l'aidant à filer en lui conseillant de quitter la ville le plus rapidement possible avec son Daemon. Guine n'aimait pas beaucoup ça, bien qu'elle était du même point de vue : il ne méritait pas cette séparation déchirante et plus douloureuse encore qu'un membre arraché.

Sauvetage terrifiant, mais qui éveillait tout de même une certaine excitation en moi. J'avais le pouvoir de faire changer les choses dans l'ombre. Liscialle ne sut jamais pourquoi je faisais des "heures supplémentaires", pourquoi mes mains tremblaient certains soir après avoir évité de me faire prendre en flagrant délit de justesse. C'était notre secret avec Guinerain, notre crime pour en éviter d'autres.

The Fall

« J'ai glissé chef »

"Monsieur Palareth Leodeheris Balshilek, vous êtes en état d'arrestation, veuillez nous suivre. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice." Long vertige qui me fit vaciller alors qu'on m'attachait les mains dans le dos. La journée avait été semblable à toute les autres, j'étais rentré, allait commencer à souper quand plusieurs agents frappèrent à la porte. Regard désolé en direction de ma femme, probablement dans l'incompréhension, avant de croiser celui de Guinerain, tout aussi terrorisée. C'était terminé, notre pseudo héroïsme venait de prendre fin. Nombreux avaient été les bénéficiaires de notre aide en quelques années, mais à force de disparitions mystérieuses et de dossiers douteux, ça n'était plus passé inaperçue. Le pire dans cette histoire, c'est que c'est l'un des pauvres bougres qu'on avait sauvé qui avait chanté, rattrapé et visiblement interrogé de façon musclée pour tout mettre sur le tapis.

Si Liscialle avait évité de peu la sentence, entrainée malgré elle dans ce procès et d'abord prise pour ma complice, elle parvint à s'en sortir indemne, ce qui fut un soulagement. En revanche je ne pouvais pas vraiment en dire de même pour mon compte. J'étais désormais de l'autre côté de la barre, celui que je regardait d'habitude avec une certaine pitié. J'étais sur le banc des accusés, proie fragile face à une armée de prédateurs, Guine blottie sur mon épaule, nous savions comment toute cette machine fonctionnait, nous savions que la sentence allait nous séparer et hélas il n'y aurait aucun pseudo-justicier pour nous en sortir.

Six mois. Six mois de l'Autre Côté coupé de tout. Six mois à regarder Guinerain dépérir avant de disparaître. Six mois à devoir essayer de rester saint d'esprit. Six moi seul. C'est fou ce que le côté humain ressort lorsqu'on se retrouve face à la guillotine, au destin, à la peur elle-même. Bras maintenus fermement, regard se posant sur l'objet de tous les cauchemars : un passage. Miroir, non sans une certaine beauté, qui reflétait mon regard terrifié. Automatiquement, mes pieds se mirent à essayer de reculer, glissant sur le sol en vain alors que mes bourreaux commençaient à avancer. Les protestations sortirent seules, comme si elles pouvaient avoir cet étrange pouvoir de les faire changer d'avis. "Non ! Non !" Mes pieds glissaient sur le sol encore et encore, se débattant. "Pitié non !" Guine fut la première à y être envoyé en pâture, instant douloureux avant qu'on ne m'y jette à mon tour.

L'Autre Côté n'avait en réalité rien de si terrible, il était vivable, les paysages donnaient presque envie d'y vivre à jamais, de s'y installer tout comme ces étranges habitants. Mais ce n'était là que la partie immergée de l'iceberg, ce qu'on voit. Le reste était caché dans l'ombre, invisible à l’œil nu. Ce monde était en train de nous dévorer, léchant inlassablement notre Poussière. Jamais je ne lâchait mon Daemon des yeux plus de quelques secondes, jamais je ne la laissait dans mon dos de peur qu'elle s'évanouisse. Les jours passèrent et la crainte grandissait avec la paranoïa. Je ne dormais pas ou trop peu, persuadé qu'elle se serait éteinte à mon réveil, bien qu'elle s'efforçait de me rassurer, de me faire croire que tout allait bien. Mais la torture était longue, agonie de connaître la suite sans savoir quand elle allait véritablement arriver, de la voir faiblir de jour en jour au point de ne plus ouvrir la bouche pour prononcer des mots, communiquant entre nous par pensées furtives, de ne plus la voir sautiller partout, ne plus pouvoir avancer ni se tenir debout.

Douleur vive, insoutenable et naissante au fond de mes entrailles, comme si une main s'était introduite dedans pour commencer à les arracher de l'intérieur. Nous le sentions venir depuis des heures. Nous venions de tenir environ quatre semaines et nous étions tous deux épuisés. Nous ne bougions plus depuis des jours, à l’abri dans une tente aux couleurs chatoyantes, histoire qu'elle garde un maximum de forces. Sa voix dans mon esprit se faisait faible, rare. La déchirure commençait une bonne fois pour toute, nous arrachant une plainte. "Guine s'il te plait non ! Résiste !" Ma voix tremblait, crainte et tristesse se confondant avec la douleur, secouant le pauvre furet fermement pour qu'elle se reprenne. "Ne me laisse pas !" Je la perdais, Poussière d'or commençant à s'envoler comme la braise alors que mes mains parvenaient à peine à la tenir entre mes doigts. "Je suis désolé Pal." Murmure faible et inaudible, pensée lointaine qu'elle émit qui percuta dans mon esprit avant qu'elle ne s'évanouisse, petit corps faible disparaissant dans une douleur au delà de l'imaginable, provoquant pour seule réaction un hurlement qui pouvait également s'apparenter au désespoir. Mes genoux heurtèrent le sol, derniers fragments d'or s'évaporant, dévorés par ce monde.


Trente et une secondes, vingt-quatre minutes, deux heures, sept jours et exactement quatre mois de retard. Je l'ignorais et j'ignore toujours que ma peine est terminée depuis longtemps. Je suis probablement considéré comme mort à Balgram, dévoré par une créature mangeuse-d’homme ou alors trop honteux pour revenir à la civilisation. Il n'y avait rien de tout ça, juste une montre qui déraille. Peut-être pas que ça d'ailleurs. Peut-être que mon esprit déraille réellement comme beaucoup le prétendent. Longue gorgée de thé chaud, assis par terre en tailleur. Je regarde cette pauvre montre détraquée et la course de ses aiguilles, posée délicatement dans l'herbe face à moi. Elle est à l'heure, à la nanoseconde près, mais elle retarde d'au moins trois jours, j'en suis persuadé. J'irai probablement la faire réparer chez Avaïane après ma tasse de thé, même si c'est au moins la cinquième fois cette semaine. Gorgée apaisante, rafraîchissant un peu cette déchirure brûlante dont je ne préfère plus parler. Je le sens, ce vide, ce trou, cette partie de moi-même qui m'a été ôté avec barbarie, un morceau d'âme qu'on a fait disparaître dans un brasier encore plus douloureux que si on m'avait arraché tous les membres simultanément. Quand j'y pense, la douleur picote encore mes doigts, sensation de pelage doux se transformant en vide. Heureusement, il fait encore plein jour, le soleil illumine la plaine chaleureuse qui ne deviendra que pays cauchemardesque une fois la nuit venue. En attendant, je continue de regarder inlassablement les aiguilles avancer dans leur course folle.
   
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