« passion mechanics » ft. Valarick

Pourquoi le suivre dans toute ses idées folles ? Après tout, elle avait son mot à dire. Mais au lieu de ça, elle reste muette, un peu trop muette parfois, elle se contente de le suivre dans un énième pillage d'épave. Et cette fois, le lieu du méfait était bien plus sinistre que leur précédente exploration... Je l'admet, je ne suis jamais à l'aise dès que j'entends le mot cimetière, que ce soit un cimetière mécanique ou non. Autant dire que je n'étais pas rassuré lorsqu'ils ont commencé à longer la voie ferré à la recherche de ce fameux cimetière de train... Mais quel idée de donner un nom aussi sinistre ? Pourquoi pas simplement la « casse au train » ou la « ferraillerie » ? Cela semble plus logique et ça rendrait sans aucun doute l'atmosphère bien moins pesante sur ce lieu. Enfin, je dis ça, je dis rien, l'inspiration semble souvent manquer à Balgram, l'administration de la cité manque d'une petite touche de fantaisie. Voir peut être même de logique en prime... Car après tout, ce qui reposait dans cet endroit ce n'était que des monstres d'aciers, pas d'être vivant, à ma connaissance. Donc le nom de cimetière... Je n'en suis guère friand comme vous l'avez compris. J’essaie alors de penser à autre chose tandis qu'Hélice elle, semble n'avoir d'yeux que pour l'inventeur, je pourrais presque entendre son cœur battre à toute allure d'où je suis. Je retiens un soupir exaspéré, je me contente de ne pas bouger de son épaule. Pas un mot ne sort de ma bouche, je tente d'apaiser mon pauvre petit cœur qui bat aussi à la chamade, mais sûrement pas pour les même raisons qu'elle.

Et plus on se rapproche, plus je panique intérieurement. J'assume pleinement ma phobie des cimetières, c'est plus fort que moi, je n'ai jamais été tranquille avec ça comme l'est Hélice en présence d'un canard ou d'une oie. L'immense véhicule volant atterri a proximité du fameux cimetière aux allures sinistre. Les trains s'entassaient par centaine ici, une forte odeur de rouille se dégageait de l'endroit, c'était ignoble, je sentais la nausée monter tandis qu'Hélice semblait tenir le coup. Certes, cette odeur n'était guère agréable, même pour elle, mais elle tenait bon, elle avait l'estomac solide. Assez rapidement, je brise mon vœu de silence, exécuté lorsque j'appris pour cette folle exploration pour venir lui murmurer quelques mots au creux de l'oreille :

« Est-ce que tu es sûre que c'est une bonne idée ? J'aime pas cet endroit, il est sin... » « Je sais, je sais, tu n'aimes pas les cimetières. » « Hé ! Me coupe pas ! » « Chhhut Anko. » Son regard et son attention se redirigea vers son patron, craignant qu'il est entendu mes plaintes, évidemment, même après plus de trois ans, elle ne voulait pas faire mauvaise impression auprès de l'homme. « Euuh... Patron ? Vous êtes sur que c'est une bonne idée de venir ici ? Ce ne serait pas plus simple de récupérer ça ailleurs ? Heum... Je veux dire que la plupart des pièces que nous trouverons ici seront rouillé et inutilisable... A moins d'avancer, mais on pourrait en avoir pour des... Jours, sans être certain de retrouver l'aéronefs après. Surtout vu la chaleur qu'il fait ici. »

Parfois, je ne la reconnaissais pas, je dois l'avouer. Elle d'un naturel si imprudente, tellement sur d'elle et complètement folle des sensations fortes, avec cet excentrique, elle se transformait complètement, elle n'était plus celle que je connaissais. A croire qu'elle faisait de son mieux pour paraître fragile et pour ainsi flatter l’ego de cet inventeur complètement allumé. Même sur plus de trois ans de temps, j'ai encore énorme de mal à comprendre son attitude, mais j'ai la certitude qu'il y a une histoire d'ego dans tout ça... Ou peut être d'amour. C'est vrai qu'il était le premier à lui faire cet effet, c'est un sujet qu'elle et moi on ne maîtrisait pas vraiment, mais chose certaine, c'est qu'elle avait bouquiné et sans doute fait le tour de la question après l'avoir rencontré. Il y avait donc peut être un peu ça, cette attitude plus féminine qu'auparavant, c'est sûrement pour attirer son regard, qu'il se pose sur elle en temps que femme et pas autrement. C'était la première fois que je voyais Hélice chercher tant d'attention, au début se fut particulièrement troublant... Mais au final, ça n'a pas changer grand chose à mon quotidien, elle passe juste un peu plus de temps chaque matin dans sa salle de bien, ce qui n'était pas encore un changement encore trop conséquent.

Balgram ressemblait à une minuscule maquette grouillant de vie. Sans la fumée s'échappant des longues cheminées du quartier industriel, on pourrait penser qu'il s'agissait d'un immense jouet qui pourrait occuper n'importe quel enfant durant des heures. Hélas, le voyage n'était pas des plus tranquille et tant mieux après tout. Valarick aimait ses secousses, cette adrénaline, même s'il avait cette envie irrésistible de prendre les commandes de ce petit engin construit de ses mains. Héli avait fait le truc à la barre, mais être simple spectateur lui déplaisait et lui laissait un goût amer dans la bouche.

A côté de ça, Yasnaenialla se cramponnait à sa jambe pour ne pas se retrouver à l'autre bout du petit aéronef, priant pour que tout cela cesse le plus rapidement possible. D'ailleurs il la prit dans les bras, plus à l'aise là qu'à les épuiser tous les deux. Etait-il donc le seul enthousiasmé par cette promenade ? Apparemment oui, ce qui lui arracha un soupir.

Enfin l'antre des merveilles se dessinait en dessous, kilomètres de ferraille et de wagons abandonnés et laissés pour mort dans ce lieu. Avec de la chance, il y aurait de véritables trésors et il en fallait vu comment ces cadavres de trains étaient pillés à leur arrivée dans ce cimetière aux corps de fer. « Poses-toi ici, je ne tiens pas à rayer l'aéronef. » Autant faire attention à ce nouveau petit bijoux surtout connaissant l'assistante qui avait un faible pour le risque lorsque ça concernait le pilotage d'engins volants.

Une fois à terre, Valarick est le premier à sortir d'un pas décidé, Yasna escaladant son épaule à cause de son appréhension. Les mains sur les hanches, l'inventeur contemple l'étendue de cet endroit à la manière d'un enfant qui découvre un nouveau jouet. « Allez faisons le truc ! » Il tourna la tête vers le pilote, alors qu'une conversation éclate avec son Daemon qui n'a pas vraiment l'air à son aise, c'est le moins qu'on puisse dire. Yasna semble rejoindre l'avis du Loir, de toute façon à partir du moment où elle mettait le bec dehors, elle n'était pas à l'aise. Puis elle n'avais pas vraiment à se plaindre, ce n'était pas comme s'il y aurait du monde lors de cette escapade. Le brun envoie un sourire à Hélice, croisant les bras pour tenter de la rassurer, le tout après avoir remit ses lunettes de protection correctement sur son front.

« Ce ne sont que des bouts de ferraille, que veux-tu qu'il nous arrive ? Peur du croque-mitaine des trains ? Puis il me faut justement des pièces abîmées, c'est le but de la manœuvre ! Voyons le bon côté des choses, on part à l'aventure, du grand air pour s'aérer les poumons et au moins on sort de l'atelier. » Cette dernière remarque était directement adressée à l'ornithorynque qui se renfrognait.

Une question persistait dans l'esprit de chacun, pourquoi avoir besoin de bout de ferrailles inutilisable ? Aussi bien l'assistance que son daemon ne comprenaient pas réellement le raisonnement de l'inventeur excentrique. Il y avait déjà dans son atelier plein de matière premières rouillé pouvant servir à ses travaux... A moins que l'homme est autre chose derrière la tête. Telle qu'elle le connaissait, c'était sans doute cela, peut être cherchait-il quelque chose de rare ou d'unique qu'il ne voulait partagé avec personne. Valarick était encore un homme plein de mystère pour la jeune assistance, jamais jusqu'à présent elle n'avait rencontré un individu comme lui et jamais elle aurait cru croisé le chemin d'un homme comme lui en réalité. Une personnalité si riche et complexe, c'était fascinant pour elle. Oui, la jeune femme était tombé depuis longtemps sous le charme de son patron. Mais celui-ci était plutôt aveugle dans ce domaine comme elle le constatait depuis plusieurs années. Un soupir muet, las... Certes, il lui offrait nombres d'aventures au quotidien, chose qui ne lui déplaisait pas, à côté de son Loir qui n'aimait pas trop les cimetières... On va dire que c'est sa phobie. Donc cette épopée sauvage était loin de lui plaire. Rapidement, l'animal décida d'aller se réfugier dans une poche, sans un mot de plus. Sans doute blesser dans son orgueil. Mais dans cette situation, l'esprit pratique régnait, le ranger dans une poche était bien plus facile que de transporter cette mystérieuse bête qu'est l'ornithorynque dans ses bras. De plus, étant assez court sur patte... Cela ralentissait aussi le mouvement lorsqu'on le laissait avancé par lui-même à terre. Du moins, c'était l'avis de l'assistance et de son compagnon rongeur aussi, bien au chaud installé dans une poche, attendant simplement le retour à la maison.

Elle resta quelques instants sur place, mâchouillant légèrement le crayon entre ses doigts. Elle avait toujours un crayon ainsi qu'un bloc de feuille avec elle, au cas où, simplement. Cette fois, elle les avait sorti uniquement pour relire la suggestion de son patron, une suggestion lancer au matin, une idée qui créa la situation actuelle. Elle essayait de comprendre pourquoi avoir besoin de pièces abîmé, ça ne collait pas réellement avec les travaux du moment de l'homme, où était la logique ? Une très bonne question, il est vrai qu'il n'était pas rare que la réponse lui échappe. Une nouvelle lubie sans doute. Du moins, c'est ce qu'elle conclu dans son carnet avant de les ranger dans le sac qu'elle emportait partout. Son regard se porta ensuite sur le daemon de l'homme, semblant très peu exalté par cette sortie, puis il retourna sur son patron.

« D'accord... Donc, je suppose qu'il n'y en a plus à l'atelier... Vous voulez démembré des ancêtres en priorité ? Ou des modèles plus récent ? » Elle sorti de son sac ce qui ressemblait de près comme de loin à un chalumeau. Aussi surprenant que ce soit, elle avait toujours cette merveille de technologie sur elle... Quand on travail depuis autant de temps avec un inventeur tel que lui, on comprend rapidement que c'est l’accessoire indispensable. « Vous croyez réellement a cet histoire d'esprit qui hante ce cimetière ? Ce ''croque-mitaine'' comme vous dites. J'ai entendu dire qu'il y se passait des trucs étranges ici... Mais je pense qu'il y a plus de brigands que de fantôme personnellement. »

Changer de sujet tout en délicatesse, tout en s'attaquant au premier train que l'inventeur voulait voir vider de toute sa mécanique. C'était devenu une spécialité de l'assistante, comme la maîtrise de son appareil incandescent. Bien évidemment, le port des lunettes de protection était une base, c'est pour cela qu'elle avait toujours deux paires dans son sac... les siennes et des de rechange quand Valarick perd les siennes. Oui, il n'y avait plus vraiment de place pour le rouge à lèvre ou le maquillage dans ce si petit sac, tout l'espace était prit par divers gadget en tout genre entre les lunettes et le chalumeau. Il y avait aussi un ensemble de clé, plusieurs tournevis et quelques pinces de tailles diverse, c'était plus une boite à outil qu'un sac au fond. Mais pour revenir à sa dernière question, c'est vrai que ce lieu l'inquiétait, c'était sans aucun doute la caverne d'ali-baba pour les brigands qui désossent les chefs d’œuvres mécaniques de Balgram. De plus, il y avait de nombreuses rumeurs sur ce lieu en ville, sans doute des histoires pour faire fuir les trop curieux, mais entre le souffle du vent qui résonnait dans les squelettes d'aciers, les râles et les grincements de ces monstres d'acier, rendaient l'atmosphère pesante.

Je sors une paire de gants en cuir de ma sacoche, les enfilant tout en laissant Yasnaenialla se glisser dans la bandoulière de cuir, petit endroit agrémenté d'un petit coussin bourré de plumes confortable et douillet, qui nous éviterait de ralentir. Certes nous parvenons a avoir une relativement longue distance entre nous, mais elle était beaucoup plus à l'aise dans l'eau et non sur un sol poussiéreux et sec, puis je ne tiens pas vraiment à passer la nuit ici. Machinalement, je glisse mes doigts gantés sur le ventre de mon ornithorynque, la sentant gigoter et l'entendant rire intérieurement.

Ma main toujours plongée dans la sacoche, mon regard se posa sur Hélice qui préparait déjà la découpe avec un chalumeau. Je ne pu m'empêcher de rire légèrement face à cette anticipation. Merveilleuse, cette petite était tout simplement merveilleuse et avec toujours un point d'avance. Il le fallait de toute manière, je ne voulais pas d'une assistante qui se contente de prendre des notes en attendant que je lui demande ci ou ça. Hélice savait ce qu'il y avait à faire, elle connaissait les trucs et ça, c'était important. Je me mis à analyser les épaves afin de tenter de répondre à sa question, ne sachant pas vraiment par où commencer. Mes épaules se haussèrent en guise de réponse, pieds entamant la marche d'un as décidé.

« On va commencer par les plus anciennes, plus c'est vieux, mieux ce sera. Il va peut être falloir marcher un moment puisqu'il n'y a que des récentes ici. Pas de panique, en cas d'agressions nous avons un chalumeau, quelques cailloux et dans le pire des cas, un Loir qui peur griffer et mordre. Sinon il y a des barres de fer tout autour de nous, ce qui veut dire qu'un potentiel agresseur peut s’armer lui aussi, m'enfin ce n'est qu'un détail ! » Toujours avoir un plan B ou C, voir D en cas de complications, c'était une règle d'or que je m'étais imposé et que je refusais de laisser tomber. Après tout l'endroit pouvait être squatté ou malfamé, mais je ne m'en faisait pas trop pour ça, il y avait d'autres risques qui statistiquement étaient plus plausibles : les effondrement de toits, les objets lourds sur la tête, un frein mal positionné, il fallait être prudent.

Je ne pu m'empêcher de rire face aux paroles pour le moins fantaisistes de la pilote qui firent frissonner mon Daemon qui me lança une réflexion mentale. « Et si elle n'avait pas tord Rick ? S'il y avait quelque chose de dangereux ou des monstres ici ? » Yasna ou la paranoïa incarnée. Je lui répondit par un soupir d'exaspération avant de m’adresser à Hélice. « Il n'y a jamais eu de croque-mitaine, je viens de l'inventer. Ne me dis pas que tu crois à ces sottises, moi qui te croyais plus futée que ça. Les fantômes, ça n'existe pas, probablement un ou deux chats errants qui ont élu domicile dans les carcasses. Puis statistiquement, on risque plus de mourir piégé dans la ferraille rouillée qui s'écroule que par un quelconque agresseur. » Je n'ai pas cette sensation de les avoir rassurés, à croire que ce genre de choses ne sont pas faites pour moi, je suis plus à observer les faits qu'à y mettre du tact, des emballages douillets et des sentiments. Ce que mon ornithorynque de Daemon me reproche continuellement et je peux presque sentir son regard exaspéré sur moi, bec dépassant du sac.

Je me dirige avec hâte vers la première victime de notre escapade, une belle locomotive à vapeur noircie par le charbon et rougie par la pluie battante des automnes. Je fais signe à Hélice de faire le truc avec son chalumeau, glissant mes lunettes sur mes yeux par mesure de précaution, accessoire plus qu'indispensable bien qu'un brin ridicule, je l'admettais. Mais contrairement aux flammes et étincelles, le ridicule ne tue pas, ou ne rend pas aveugle plutôt.

C'est alors qu'un bruit étrange, extérieur à nos travaux, s'éleva dans le labyrinthe de métal, me faisant sursauter. Un bruit lourd et sourd qui venait de quelques bonnes centaines de mètres plus loin. Yasna, froussarde par nature, se renfrogna, me suppliant de plier bagage et laisser tomber. « Probablement un chat errant. » Répétais-je en haussant les épaules.