« And the days blur into one » FLASHBACK ♦ Ft Liscialle

Traître... Le mot résonne dans mon esprit, adressé à mon âme qui étale sans la moindre gêne le trouble et la crainte qui résonnent dans mes entrailles, noyant l'espoir et la joie en une vague acide qui me lève le cœur. Je peux entendre Palareth approcher, fins graviers crissant sous ses chaussures cirées à la perfection, comme il se doit, l'étreinte de mes bras autour de ma taille se resserrant à mesure, muselant mon souffle aussi sûrement que mon corset. Je compte lentement dans ma tête, mesurant mes inspirations et expirations, luttant contre le vertige permanent de ce carcan de tissu. M'évanouir ne m'aiderait pas en cet instant, bien au contraire. Me cacher non plus, et je me force à redresser la tête et croiser les yeux de mon cavalier, anxieuse. Surtout, ne pas regarder ses lèvres, ne pas observer sa bouche tandis qu'il parle. Continuer de le regarder dans les yeux. Voilà.

Mes yeux retrouvent le sol alors que Palareth parle, mots maladroits et mal à l'aise blessant malgré eux, le regard d'Ed un poids rassurant dans mon dos. Apparemment, il sait quelque chose que j'ignore, ce daemon à l'apparence trompeuse, et j'ai suffisamment confiance en lui et en mon ami pour continuer à écouter, frissonnant légèrement.

Le compliment les apaise, sang affluant sous ma peau et m'apportant sa chaleur, mes lèvres s'étirant en un timide sourire qui fait écho à celui de Palareth. Je peux sentir une partie de l'anxiété disparaître, me tirant un discret soupir de soulagement tandis que mon manchot se rengorge, satisfait. J'aimerais pouvoir me rapprocher, l'étreindre un instant pour le remercier, oublier les conventions et règles qui se sont engrainées en moi tandis que j'avais le dos tourné, trop occupée à jouer, coudre ou nager avec mon âme, mais j'en suis incapable. Mes joues restent de feu tandis que je me mords la lèvre et me fais violence l'espace d'un instant, pressant une des mains gantées de Pala dans la mienne avant de la relâcher, les encouragements silencieux d'Ed laissant place à un cri muet de triomphe.

"Merci... et merci encore pour la robe, c'est l'une des plus belles que j'ai jamais vue !"

Le sang redouble d'acharnement tandis qu'il se fait plus présent encore dans mes joues, me rendant certainement écarlate alors que le "Tu es superbe" que je comptais dire se change en un murmure presque inaudible, la gêne reprenant le dessus. Je n'ai pas la moindre idée de ce que la manière dont j'aurai dû réagir face au compliment, le contexte entièrement différent de ce dont j'ai l'habitude. Accepter gracieusement le compliment comme si c'était une évidence, le balayer, prétendre que rien n'a été dit, autre chose ? Je n'en sais rien, plus familière avec l'étiquette moins formelle des bals populaires.

Le gravier crisse alors qu'Ed se rapproche, pattes se posant précautionneusement sur le sol de sorte à ne pas se faire déséquilibrer, aile effleurant un instant mon poignet avant de se replier, sang délaissant enfin mon visage tandis que la légère caresse de mon âme m'apaise. Mes paupières se ferment un instant avant de se relever, étincelle espiègle s'y glissant maintenant que j'ai retrouvé mes moyens. Ed a raison, il faut que je cesse de me torturer de la sorte. La situation est comme elle est, et paniquer n'y changera rien. Mieux vaut profiter du bal, pour l'instant. J'aurai tout le temps de me retourner encore et encore dans mon lit plus tard.

"Pourquoi m'avoir embrassée ?"

Ma bouche se referme aussitôt tandis qu'Ed éclate de rire derrière moi, son s'échappant de son bec sans la moindre difficulté. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui vient de me saisir, de me faire poser cette question au lieu de simplement ignorer l'éléphant au milieu de la montgolfière. Moi qui comptais simplement lui proposer d'explorer les jardins dans l'espoir de défaire cette tension nouvelle entre nous... il semblerait que mon esprit et mon daemon aient conspiré pour que je saute à pieds joints dans le plat à la place.

Je n'ose même pas imaginer ce qui se produirait en cet instant si mon père apparaissait dans mon dos. Un frisson parcourut mon échine à l'image de son molosse enfonçant ses crocs dans la fourrure de la furette, le tout accompagnée d'une gifle digne de ce nom, voir probablement un séjour indéterminé de l'Autre Côté si je ne finissais pas mort avant. Poussière c'était plus que probablement la plus grosse bourde de mon existence. Je sentais Guinerain se coller à ma jambe, mordant légèrement mon pantalon pour me signaler qu'elle désirait monter sur son perchoir habituel afin de me détendre, n'osant pas escalader de peur d'abîmer l’œuvre de Liscialle que j’arborai non sans une certaine fierté. La fourrure de mon Daemon est rassurante, point d'encrage auquel je peux me rattacher pour garder mon sang froid. Une main reste dans ses poils après avoir ôté un gant, alors que je la pose sur mon épaule, petit corps s'enroulant autour de mon cou, chatouillés par le pelage putoisé.

Soudainement, je sens la pression des doigts de Liscialle sur mon autre main, sens en alerte avec une montée d'appréhension alors que ses lèvres s'ouvrent. Dans un sens, elle n'était pas partie en courant, ce qui était plutôt bon signe, voir mieux, j'aurai probablement du m'attendre à la gifle du siècle. Je fait remonter l'éducation malgré moi, m'accrochant à cette étiquette qui ne me correspond en rien pour ne pas défaillir. Un sourire finit par se dessiner naturellement sur mes lèvres, remettant le gant sur la main qui venait de laisser mon âme, désormais plus à l'aise.

Puis ce fut le drame, panique à Wonderland, attaque surprise à Balgram, crash d'aéronef, question tournant encore et encore dans mon esprit sans trouver de réponse. Je suis pris au dépourvu, malaise refaisant fasse alors que Delenrorn se met à rire. Je vois Guine relever la tête dans ma vision périphérique, à deux doigt de rire elle aussi, mais se retenant tant bien que mal pour ne pas me faire trembler comme une feuille. Qui aurait cru que ce petit bout de femme pourrait me faire trembler et tressaillir ? Je finis par hausser les épaules, tout à fait sérieux.

« Pourquoi pas ? » C'était sortit tout seul malgré moi, presque comme une évidence même, une suite logique à force d’entre-vues et de retrouvailles, comme s'il s'agissait du nez en plein milieu du visage. Peut-être qu'Ed m'avait donné l'assurance nécessaire pour sortir une telle réplique, aidé par une âme traitresse qui n'était pas la mienne, bien qu'on ne pouvait pas dire que la furette sautillant presque sur mon épaule était l'innocence même. Elle était aussi complice que le manchot en costume. J'entamais un pas de rapprochement, pas plus, il valait mieux rester prudent, tendant un bras pour marcher un peu, incapable de rester statique une seconde de plus.

En ce moment l'étiquette s'effaçait, omis ce bras tendu bien entendu, laissant revenir le môme tempétueux qui refusait de faire ce qu'on lui demandait, gosse capricieux qui voulait la femme en face de lui pour la garder jalousement, elle et pas une autre, pas une inconnue à supporter pour le reste de mon existence. Je voulais Liscialle, la Liscialle que je connaissais depuis trop longtemps, avec qui j'en avait partagé plus qu'avec n'importe quel être humain, celle qui n'avait rien à faire dans les étiquettes et les normes, c'était désormais une certitude. Guinerain ne tenait plus en place dans l'écho de mes pensées, sons à peine audibles et caractéristiques à sa forme ressemblant à un rire s’échappant de sa gueule.

Tressaillement tandis que le rire d'Ed résonne doucement dans mes os et se dissipe dans la fraîcheur du soir, doigts anxieusement entrecroisés se serrant alors que les épaules de Palareth se lèvent et retombent en un geste désinvolte qui me fait craindre un instant le pire avant que je me reprenne. Poussière, Ed a raison de rire, mon anxiété est ridicule, et un mince sourire se force sur mes lèvres alors que je me ressaisis. Je connais Palareth, il n'est pas de ceux qui se moquent des moins chanceux, il n'est pas de ceux qui se jouent des cœurs qu'ils brisent sur leur passage, les balayant nonchalamment du pied sous prétexte qu'ils sont d'une qualité rendue inférieure par leur naissance. Il est de ceux qui sourient sans trouble à la servante leur apportant un thé, de ceux qui connait le nom de chaque membre de la maisonnée. Il est de ceux qui sont simplement bons, sans arrières-pensées, sans manipulations, et ce en dépit de son éducation et de ce sens du privilège qu'on a tenté de lui inculquer. Je n'ai rien à craindre de lui, je le sais.

Mais ces deux mots coupent malgré tout, nonchalants et presque indélicats. Venant de quelqu'un d'autre, ils seraient insultants, vraiment. Venant de lui... ils sont maladroits, trop aisément susceptibles d'être mal interprétés, jouant des craintes que je nourris malgré moi, malgré la foi que j'ai en lui, malgré les murmures rassurants d'Ed. Mais c'est Palareth, et mon daemon m'aide à piétiner les quelques murmures insidieux au fond de mon esprit tandis que mon bras se glisse contre celui de mon cavalier, main se déposant sur la sienne et faisant monter une nouvelle vague de sang à mes joues. Je me sens comme au bord d'un précipice alors que nous nous mettons en marche, rires des âmes complices voletant dans l'air, lumières du bal disparaissant un instant derrière les haies taillées à la perfection et les buis sculpturaux.

Il est plus facile de me sentir moi-même plutôt que cette princesse que je ne suis pas maintenant que la musique se fait moins distincte, sourire malicieux retrouvant sa place sur mes lèvres alors qu'Ed accélère un instant son allure et revient à notre niveau. Je peux sentir son excitation faire écho à la mienne, m'incitant plus avant, rendant l'idée de bondir au-dessus du précipice incroyablement tentante, prudence et logique temporairement remisées avec la princesse de la bonne société que je ne souviens, laissant place à la petite fille dont les boucles s'échappaient encore et toujours de sa tresse, à celle qui parfois canalisait Palareth et souvent le suivait dans ses idées, daemon galopant à ses côtés. Ed ne peut plus courir de la sorte, mais il n'est certainement pas plus mature. Pour une fois, peut-être pourrais-je l'être aussi, et simplement avoir confiance en ses instincts sans me soucier des conventions qu'il voudrait me voir défier.

Ma main se resserre légèrement sur celle de l'ami d'enfance que je ne vois certainement plus comme le garçon en culottes aux genoux tâchés d'herbe, juste assez pour attirer son attention tandis que je rassemble mon courage et qu'Ed vérifie discrètement que nul autre ne marche sur le chemin dallé, mon visage se levant vers celui de Palareth, sourire en coin désormais solidement en place, se délectant d'avance de l'expression qui ne devrait pas manquer d'envahir les traits familiers. J'aimerais simplement m'approcher, entrer dans le cercle de ses bras et voler un baiser comme si tel était mon droit, mais je ne possède pas assez de bravoure pour ça. Je ne peux pas ignorer le visage de Maman tandis qu'elle me murmurait de protéger ma vertu, de faire attention à ne pas l'entacher du moindre soupçon sous peine de voir mon caractère tout entier repeint par le filtre du doute et de la rumeur. Je ne peux que sourire, à la place, et parler, mots se faisant mes substituts.

"Dois-je comprendre que tel geste pourrait se reproduire ? Voire m'être autorisé ?"

Poussière, Cia, tu vas rendre le pauvre garçon apoplectique ! Je suis fier de toi.

Mon sourire s'agrandit, amplifié par l'hilarité contenue de mon daemon costumé et la fierté qui bat doucement contre notre lien. Je suis fière de moi, de la manière dont ma voix a su rester stable et légère en dépit de l'impolitesse de ma question. Peut-être aurait-il au final mieux valu voler un quelconque contact, mais je reste fidèle à mon choix, mes yeux toujours perdus dans ceux de Palareth, main reposant toujours sur la sienne, sérieuse en dépit de l'amusement qui courbe mes lèvres et de la légère anxiété qui tente une fois encore de se nicher au fond de mon être. Ne reste plus qu'à attendre, et prier.

Alors que mon assurance reprenait possession de mon être, ce fut une pensée parasite qui la stoppa en plein vol. Imbécile. Le "pourquoi pas" prenaient mille autres sens, des sens qui n'avaient rien de positifs et qui me faisaient tous défaillir. Et si Liscialle n'avait pas été sur la même longueur d'ondes et compris de travers ? Et si elle s'imaginait que j'étais du genre à faire la cour pour séduire la première donzelle venue ? Et si elle pensait que j'étais un briseur de cœurs sans état d'âme ? Et si elle pensait que je jouait d'elle ? Et si...

« Respire Pal, on dirait que tu vas t'étouffer dans ta propre tête. » Ma moitié s'inquiétait de mon état de pensées qui filaient, s'enroulant un peu plus autour de mon cou, le chatouillant, pour que je fasse taire cet élan de panique et de fantaisies probablement absurdes. Pas de raison de paniquer, Liscialle devait me connaître, enfin dans la théorie, il ne fallait pas oublier nos années perdues.

La mains finit par se poser, contact doux et rassurant en dépit des couches qui séparent nos peaux. Les pas s'enchainent doucement, prenant soin de ne pas perdre mes pieds dans la robe de la jeune femme. Une chute suffisait après tout. Et là, les mots tombent, me faisant instantanément froncer les sourcils après avoir écarquiller les yeux en m'attendant à tout sauf à ça. La question était indiscrète, un brin impolie et surtout déstabilisante. Elle semblait désormais se jouer de moi, tenter de me prendre au piège. Je prends une profonde inspiration, sourire en coin se dessinant à peine alors que je cesse la marche, me plantant droit devant elle, ôtant mes gants blanc qui m'empêchent de sortir la fraîcheur du soir et étouffent mes doigts. Serait-ce le son de la victoire, insinuation claire et presque précise, envie maquillée dans une question maladroite ? Guine se redresse, prête à sauter sur la tête du manchot en cas d'approche pour éviter un toucher accidentel.

« Je vous trouve un brin impertinente mademoiselle Toleras. » Le ton était grave, la grondant presque, ça sonnait faux venant de mes lèvres, alors que je ne la lâchait pas du regard. Le jeu était visiblement enclenché, m'approchant d'un pas alors que mon Daemon aux allures de voleuse prend Delenrorn en otage. Un bras passe dans le dos de la brune, main la rapprochant dans un mouvement sec, distance se réduisant désormais à quelques infimes millimètres et la tête en plus que j'avais par rapport à elle. « Vous devriez calmer vos ardeurs immédiatement très chère. » Le sourire ne put s'empêcher d'apparaître, vainqueur, décrédibilisant ce jeu de rôle absurde, acteur grotesque qui avait bien du mal à rester dans ses normes et sa classe. Chassez le naturel et il revient au galop.

« Il semblerait que vous ne soyez pas encore assez étourdie. Vous devriez y remédier. » Le murmure était à peine audible, visages désormais plus proche, doigts nus effleurant son bras, remontant jusqu'à l'épaule pour ensuite atterrir sur sa joue douce et chaude, contact des plus plaisant, tout de même intime. Je soutenais son regard autant qu'elle, yeux s'affrontant, jouant cette même provocation tout en effleurant à peine ses lèvres de mon pouce, sentant nos âmes saliver l'une contre l'autre. Il n'y avait plus que quelques infimes centimètres, mur que je me refusait de franchir contrairement aux supplices de Guinerain. Je devait savoir jusqu'au bout, l'inciter à mettre ses menaces d'ensorceleuse à exécution.

Choc sur les traits familiers, sourire en coin qui dénoue le nœud d'anxiété en moi tandis que nous nous arrêtons et que Palareth ôte ses gants. La crainte remonte tandis que les premiers mots tombent, mon nom de famille tel une gifle qui me fait pâlir un instant avant que le poids léger de Guinerain sur Ed ne me rassure. Sûrement elle ne serait pas perchée sur lui (et vraiment, depuis quand Ed est-il un perchoir ? J'espère que l'habitude restera limitée à Guinerain, il m'est bien trop facile d'imaginer Ed invitant les daemons qu'il apprécie à se poser sur lui ou à l'escalader, amusé par le ridicule de la situation ou la manière dont telle position leur ferait sans doute baisser leur garde) si j'avais offensé Palareth ?

Mon regard reste fiché dans celui de mon cavalier et ami, défiant, tandis qu'une main passe dans mon dos, sa chaleur un poids brûlant contre le si léger tissu, mes mains se posant d'instinct contre le torse de Palareth, me stabilisant et empêchant nos corps de se rencontrer plus avant. Il semblerait que ma question ne l'ait pas offensé, je suppose que c'est une bonne chose. Peut-être. Il m'est difficile de garder les idées claires tandis que la main nue et si chaude court contre ma peau et se niche finalement contre ma joue, mon visage s'inclinant machinalement de sorte à davantage se nicher contre la paume brûlante, frissons me parcourant au contact du pouce contre mes lèvres. La voix de Palareth est difficile à entendre par dessus le bruit du sang qui se précipite dans mes voix et les battements frénétiques de mon cœur, mots me parvenant semblant comme distordus. Pour un peu, j'aurais la sensation qu'il me parle tandis que je suis sous l'eau avec mon âme, nageant librement avec Ed. Mais non, nul écrin liquide ne m'étreint, je suis à la place prisonnière du bras de l'homme dont je suis amoureuse depuis sans doute des années déjà, captive de ce sourire teinté d'arrogante victoire, piégée par les yeux verts qui ne lâchent plus les miens. Ed se fait gardien attentif dans mon esprit, aussi confiant que moi du gouffre qui s'étend désormais derrière moi, la main de Palareth dans mon dos la seule chose qui m'empêche d'y basculer et de détruire sans doute doute à jamais notre amitié, notre relation ? Qui sait...

Ed et moi faisons notre choix au même instant, bec caressant délicatement la fourrure putoisée en une contorsion à laquelle je ne prête pas la moindre attention tandis qu'une de mes mains toujours gantées de ce blanc si vertueux remonte jusqu'à la joue de Palareth pour la caresser un instant avant de se nicher contre sa nuque, blottie là comme si elle avait trouvé sa place. Impertinente, vraiment ? Probablement. Impulsive ? Indéniablement. Mes yeux restent accrochés à ceux de Palareth tandis que je laisse enfin mes lèvres effleurer les siennes, me forçant à garder le contact aussi intolérablement léger que je le peux, aussi fugace et éphémère qu'il m'est possible.

Le précipice se fait plus préciser contre mes pieds, Ed solennel en dépit de son approbation, aussi conscient que moi du poids de mon geste. Mes lèvres se forcent en un sourire taquin tandis que mes yeux luttent pour ne pas tomber au sol et dissimuler l'incertitude qui y hésite. Les rôles sont désormais inversés, c'est à moi de lutter contre l'envie de bredouiller, de m'excuser, visage de ma mère à la fois satisfaite de me savoir amoureuse et désespérée de la manière dont le blanc qui vêt mes mains n'est désormais plus qu'un mensonge. Je ne peux pas le regretter, en dépit de mon appréhension, tandis que mes mains restent nichées contre Palareth, tremblantes de la nervosité que mon visage lutte pour ne pas afficher. Malgré moi mes lèvres s'entrouvrent, langue les humidifiant nerveusement. Comment suis-je censée procéder ? Aucun manuel de savoir-vivre n'explique que faire lorsque l'on vient d'embrasser son ami d'enfance, meilleur ami, et amour, à peine dissimulée par un bosquet...

Le toucher délicat, à peine posé et pourtant si révélateur, indique la victoire que j'attendais. Lèvres effleurant leurs consœurs en retour avec toute la délicatesse du monde pour ne pas la brusquer, main restant posée délicatement contre ce visage brûlant et rassurant. La panique s'envolait, laissant place à l'excitation, l'assurance et l'adrénaline. Je n'osais même pas imaginer ce qui pouvait se produire si on venait à être découverts. En cet instant, ça importait peu, j'avais ce sentiment que rien ne pouvait arriver de grave à part me réveiller en sursaut dans mon lit. Étrangement, aucune voix parasite dans mon esprit, laissant la bulle intact durant quelques instants encore, me rendant à peine compte que Guine s'enroulait autour d'Ed, caressant ses plumes tout en profitant du contact de son bec.

Je sens soudainement l'appréhension de Liscialle, doigts quelques peu tremblants malgré les gants. Je tente de la rassurer comme je peux avec un sourire, embrassant son front comme pour évacuer ses craintes, sentiments désormais exposés une bonne fois pour toute au grand jour.

To be continued...